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LE BLOG D'AS MALICK NDIAYE

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LE SÉNÉGAL AUGMENTE LES FRAIS D'INSCRIPTION À LA FAC

 

La rentrée risque d’être agitée au Sénégal. Il serait étonnant que les étudiants puissent accepter l’idée de l’augmentation des frais d’inscription à l’université. Les manifestations de cet été sont un avant-goût de ce qui attend le gouvernement à la rentrée. Si on se penche sur les montants avancés, on peut y trouver une forme d’indécence dans un pays aussi pauvre que le Sénégal: 25000 francs pour la 1ère année, 30.000 francs pour la 2e année, 35.000 francs en licence, 50.000 francs pour le Master 1, 60.000 francs pour le Master 2 et 75.000 francs pour le Doctorat.

Où les enfants de paysans vont-ils trouver les moyens ? N’est-ce pas une privatisation déguisée de l’université ? N’est-ce pas un moyen de combler le déficit de l’enseignement supérieur sur le dos des étudiants ? À la lecture de ces questions, on peut être tenté de donner raison aux étudiants qui protestent. Et pourtant, ils ont tort. Il s’agit ici de relier cette problématique à ce que nous voulons pour notre école et notre jeunesse.

Si nous espérons rompre avec la logique d’assistanat et qu’un jour les élites cessent enfin de se gaver des deniers publics, de telles réformes devraient être encouragées. J’aimerais croire qu’il n’y a pas meilleure opportunité pour un fils ou une fille de paysan de retrouver sa dignité et la valeur du travail bien fait que de retourner dans son village natal pendant l’hivernage, de cultiver son propre lopin de terre pour assurer ses besoins à l’université.

Il suffit de travailler quelque deux mois dans les champs pour s’assurer des revenus suffisants à payer une inscription, acheter des livres et des tickets repas subventionnés. D’autant que certains peuvent prétendre à des bourses d’études, des solutions existent pour rompre avec l’image misérabiliste qu’on veut donner à la paysannerie dans notre pays. Depuis que, personnellement, je me suis engagé dans l’agriculture, j’ai compris qu’il n’y avait pas plus béni qu’un « paysan ». Surtout lorsqu’il est instruit.

Partout dans le monde, des étudiants travaillent pour payer leurs études, leurs logements, leurs loisirs, etc. Pourquoi le Sénégal échapperait-il à cette logique alors que c’est le pays où cela se justifie le plus ? Pourquoi un étudiant sénégalais serait-il dispensé d’un job d’étudiant alors que le même, une fois en Europe ou aux Usa n’hésiterait pas une seconde à chercher du boulot pour être indépendant ? Qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas de boulot. Qu’on ne parle pas de l’indigence de nos parents.

Ce sont des problèmes autrement plus sérieux et dont la résolution n’a pas grand-chose à voir avec ce sujet. Un étudiant qui se présente à l’usine pour un travail journalier a des chances d’être embauché, un étudiant qui se présente au port pour travailler comme docker peut y trouver sa place. Les pistes ne manquent pas dans le secteur informel (commerce, gardiennage, artisanat) pour s’assurer trois mois de revenus et affronter sereinement l’année académique.

Et même pendant l’année académique, cela n’aurait aucun impact négatif sur la scolarité d’une personne organisée. Imaginez un peu chers étudiants, le temps que vous passez dans les couloirs de vos résidences universitaires à discuter de football, de politique, de filles, de garçons, le temps que vous passez dans des activités qui n’ont rien à voir avec vos études.

C’est ce temps là qui est perdu et non pas le temps passé à travailler et à apprendre ce qu’est la vraie vie. Demandez-vous comment vous utilisez votre temps libre durant vos grandes vacances. Faites-le honnêtement, sans mauvaise foi, ni parti pris. On nous a trop habitué à l’idée qu’un étudiant, ça ne fait qu’étudier. Le résultat, c’est qu’on arrive en bout de course avec une expérience quasi-nulle dans notre domaine d’expertise et une incapacité totale à appréhender le monde professionnel et à prendre des initiatives. C’est injuste pour la société et c’est peu gratifiant pour vous.

L’étudiant sénégalais se complait dans une logique consumériste et paresseuse : l’argent, l’argent, l’argent. Lorsqu’on voit un étudiant sécher ses cours pour aller faire la queue et percevoir sa bourse, on se dit que quelque chose ne va pas dans sa tête. Lorsqu’on voit un étudiant dépenser des milliers de francs pour un Smartphone, une tablette numérique, des vêtements de marque, on se demande quelle élite nous sommes en train de former. Il ne faut pas se raconter des histoires.

Nous devons nous regarder devant une glace et être honnête. On ne peut pas raisonnablement critiquer chaque matin les hommes politiques et refuser ne serait-ce qu’un petit sacrifice pour notre pays. Être étudiant sénégalais doit impérativement revêtir un nouveau sens. Nous avons là une excellente occasion de le prouver. C’est le nouveau défi que la Concertation nationale sur l’enseignement supérieur a lancé à notre jeunesse. Elle est libre de le relever ou de continuer dans la logique d’assistanat et de paresse qui fera de l’étudiant à jamais un fardeau pour sa famille et son pays.

 

NORD-MALI: FICHONS LA PAIX AUX FRANÇAIS!

vestige de l'architecture soudanaise
vestige de l'architecture soudanaise 

 

Des petits malins (plus malins que tous les Maliens réunis) essayent de nous expliquer que l’intervention française est une grosse fumisterie. La France aurait allumé elle-même le feu et n’interviendrait que dans le but de mettre la main sur des ressources naturelles. Maintenant, même si l’Etat français intervient dans le Larzac pour sauver une brebis on dit que c’est à cause du pétrole. Ça suffit.

Le gros problème dans cette affaire, c'est que l'opposition de principe à la Françafrique risque de nous obstruer la vue sur les raisons évidentes d’une intervention dont la France ce serait volontiers passée. Il ne s'agit pas de pétrole, de gaz etc. Si le sort de l'Afrique devait s'améliorer avec ces matières premières ça se saurait. Le Mali l’un des pays les plus pauvres de la planète n’a rien à offrir. Et si vous pensez que la France a besoin d’une guerre au Mali pour mettre la main sur l’uranium nigérien ou le gaz algérien, vous n’êtes visiblement pas au courant de la puissance de feu d’Areva en termes de diplomatie souterraine.

À mon avis, les choses sont beaucoup plus simples. Il s'agit de mettre à la porte une clique de barbares qui au nom de l'Islam étaient en train de terroriser une population et de lui imposer une culture qui n'est pas la sienne. Si la CEDEAO et l'UA avaient fait preuve de bon sens et de courage ce sont des pays Africains qui seraient intervenus. Comme nous n'avons pas eu le cœur de faire le ménage chez nous, les Français sont venus le faire. C’est honteux, mais c’est mieux que de laisser la chienlit perdurer.

Avec tout le respect que j'ai Tarik Ramadan, j’ai trouvé scandaleux, qu’il essaye de nous expliquer que malgré la nécessité de virer ces usurpateurs du nord du Mali, il ne fallait surtout pas y voir une bonne volonté des Français. De qui se moque-t-on ? Quand bien même la France aurait des intérêts géo-stratégiques au Mali, faut-il sous ce prétexte les condamner d’aller combattre ces bandits de grand chemin ? Si les pays Africains n’étaient pas dirigés par des personnes lâches et incapables, on n’en serait même pas à épiloguer sur la portée éthique de l’intervention française. Voilà tout. Et quand on parle d’impérialisme, je ne sais pas comment il faut appeler l’attitude de tous ces petits djihadistes en carton qui viennent imposer leurs idées archaïques, détruire le patrimoine culturel et religieux d’un pays qui n’est même pas le leur. Je ne sais pas ce qu’il faut penser de l’image déplorable que l’opinion publique arabe a de l’Afrique noire et qui quelque part cautionne ce projet d’  « islamisation » du Mali.

À ceux qui disent "si la France n'était pas intervenue en Libye etc"; on peut répondre que si Khaddafi avait accepté une transition démocratique, accepté de rendre le pouvoir aux libyens, respecté son pays et ne n'en avait pas fait sa chose, la France n'aurait pas pu déstabiliser la Libye. Il faut arrêter les âneries et regarder le sort de l'Afrique. Essayons d'abord de nous aimer et de nous respecter entre nous. Si j'aime l'Afrique et les Africains, aucun fumiste au monde ne réussira à me faire prendre des armes pour régler un différent. L'Occident a bon dos, mais là, franchement, regardons-nous un peu devant la glace : moi en tout cas, j’ai honte.

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NOËL AFRICAIN

Le père Noël à Saly. On le trouve aussi à Paris. Comment fait-il?
Le père Noël à Saly. On le trouve aussi à Paris. Comment fait-il? 

JE REPRENDS ICI UN ARTICLE QUE JE TROUVE ASSEZ INTÉRESSANT. JE L'AI DÉGOTÉ SUR AFRIK.COM. JE NE CONNAIS PAS SON AUTEUR. C'EST UNE DESCRIPTION DRÔLATIQUE ET TRÈS TENDRE DE CE MOMENT PARTICULIER ET DU PERE NOËL. LA CONCLUSION DE L'ARTICLE M'A INTERPELLÉ D'AUTANT QUE MON PAYS, LE SÉNÉGAL EST À 95% MUSULMAN. C'EST PEUT-ÊTRE LE SEUL PAYS MAJORITAIREMENT MUSULMAN QUI COMPTE PLUS DE FÊTES CHRÉTIENNES QUE MUSULMANES DANS SON CALENDRIER. C'EST UN HÉRITAGE DE L'HISTOIRE, MAIS QUE L'ON A SU GARDER (J'ESPÈRE QU'ON LE GARDERA LONGTEMPS). C'EST AUSSI CE QUI ME FAIT DIRE QU'ON POURRAIT ENVOYER AU SÉNÉGAL POUR UN PETIT STAGE DE TOLÉRANCE TOUS LES EXTRÊMISTES DU MONDE (DE QUELQUE BORD QU'ILS SOIENT). ILS Y TROUVERAIENT CERTES DES SEMBLABLES, MAIS ILS Y VERRONT AUSSI LES EXTRÊMES SE MARIER AU QUOTIDIEN. JOYEUX NOËL.

Noël à l’africaine. source: http://www.afrik.com/article3802.html
A l’aube du 25 décembre, l’Afrique aussi fête Noël. Noël à l’occidentale pour les plus riches, jour des enfants pour les autres, par 35°, à l’ombre des sapins artificiels, Brazzaville, comme bien d’autres capitales, s’apprête à célébrer l’événement.
 

Païenne et religieuse, la fête de Noël est partout dans les esprits. En Occident bien sûr mais également en Afrique, qui s’apprête à célébrer à sa façon le 25 décembre. Ici le Père Noël a troqué son traîneau pour un bon 4x4 climatisé. C’est qu’avec 35 degrés à l’ombre, comme à Brazzaville, ses rennes risquent plutôt une grave déshydratation qu’autre chose. Mais parés de sapins, quand bien même artificiels, les ronds-points de la capitale congolaise et les vitrines décorées des magasins témoignent des prochaines festivités. Même si tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Noël à l’Africaine ? Oui et non. Car plus les personnes sont fortunées plus elles se rapprochent du modèle occidental. Il ne faut pas compter ses sous en effet pour se permettre l’achat d’un véritable sapin d’importation. Et " Mon beau sapin, roi des forêts " se résume bien souvent à sa plus simple expression : une imitation plastique plus ou moins conforme à l’original. Une simple branche de houx, végétal inconnu normalement sous ses latitudes, s’échangera à 3 500 FCFA (35 FF). Un luxe auquel beaucoup ne peuvent accéder.

A la rencontre du Père Noël

Avec sa barbe blanche et ses célèbres habits rouges, le Père Noël promène également sa bonhomie naturelle au Congo. Pour autant, il ne se ballade pas dans la rue en faisant risette aux enfants et en leur tirant affectueusement les joues. Il arpente plutôt les supermarchés ou se produit lors de matinées payantes où les parents envoient leur progéniture se faire photographier en présence du vieil homme. Au programme, jeux, chants, contes, une rencontre avec le Père Noël vous coûtera entre 5 000 et 40 000 FCFA (50 et 400 FF). La magie de Noël est à ce prix.

" L’esprit de Noël dépend de l’éducation des enfants. Dans les quartiers populaires, l’idée d’un Père Noël est un folklore assez farfelu. Il serait pris pour un fou s’il se promenait dans les rues de Poto Poto (quartier de Brazzaville, ndlr). Ici Noël c’est plus la naissance du petit Jésus que tout ce tralala. C’est avant tout la fête des enfants. Une occasion pour eux d’avoir de petits cadeaux et de manger des gâteaux ", explique Joséphine, une jeune brazzavilloise de 25 ans.

Danser et se retrouver en famille

En marge de toutes considérations économiques, Noël reste une période dédiée aux repas de famille et à la fête. " Le 24 on va à l’église et la journée on va danser dans les bars, même si les adultes attendent plutôt le 31 pour faire la fête ", témoigne Joséphine. Le saka-saka (plat à base de feuilles de manioc) est dans toutes les assiettes, tous les proches sont là, on discute et on danse. Sentiment de partage et d’unité, chacun oublie pour un instant les vicissitudes d’une vie parfois difficile.

Mais point commun entre tous les Noëls du monde, les enfants apparaissent toujours au coeur de cette fête. Le plus important est peut être là.

 

 

Entretien de Christine Sitchet

 

"Partout où l'humain est attaqué dans sa dignité, il y aura un poème pour le défendre" Entretien de Christine Sitchet avec As Malick Ndiaye

Né au Sénégal en 1974, As Malick Ndiaye (1) a publié cette année un premier recueil de poèmes, préfacé par Souleymane Bachir Diagne : Altercultures. Rencontre avec cet auteur installé à Harlem qui aime à conjuguer son identité au pluriel. Et sonner le glas de l'exclusivisme et des pensées repliées sur elles-mêmes.

Il y en aura toujours dans le monde,
Qui refuserons la main tendue du Nègre.
À ceux-là le Nègre lucide offre toute son humanité,
En dessinant sur ses lèvres charnues ces mots fraternels :
"Comme mes frères, je vous aime et je vous emmerde."

(Altercultures, P. 97)

Un sujet quelconque est né,
Il ne pactise pas, il ne renie pas,
Il est ancré en même temps qu'épars,
Il n'est pas fermé, il s'emplit de tout,
Il n'est pas échangiste, il est mélangiste,
[...]
Au diable les puristes.

(Altercultures, P. 141)

As Malick Ndiaye, Altercultures, Éditions Phoenix


Comment aimez-vous à vous définir ?


J'aime assez l'idée de m'imaginer comme le lieu de convergence d'expériences du monde très diverses, une sorte de conscience bariolée, toujours en mutation. C'est d'ailleurs le cas pour beaucoup de monde, le tout c'est de l'accepter avec lucidité et sérénité. C'est dans cette mesure-là, je crois, que nous pouvons affirmer notre subjectivité : prendre, apprendre, comprendre tout ce que l'altérité nous apporte et s'en servir pour nous construire un destin humain. Ce faisant, je deviens moi, non pas ce que l'on voudrait que je sois. Tant pis si les strates de mon identité ne s'articulent pas positivement hors de mon être.


Pourriez-vous raconter la genèse de votre recueil de poème (2) ?


Le comment fait souvent écho au pourquoi en littérature. Et votre question renvoie à ces deux interrogations fondamentales. En fait, il n'y a pas de début et j'espère qu'il n'y aura pas de fin dans ce que je fais. Je ne sais ni comment ça arrive, ni pourquoi j'écris. Je ne formule pas de projet d'écriture. Mes textes sont des nappes qui se construisent en continu, en dehors du prétexte éditorial. En anticipant la rédaction d'un livre, j'aurais peur de perdre la spontanéité qui sous-tend mon rapport à la création. Or, la vérité de l'écriture est dans sa spontanéité. C'est peut-être intéressant de se fabriquer un corps d'auteur, mais je suis plus préoccupé par l'aventure intime du texte. Pour vous répondre directement sur ce recueil, les poèmes étaient déjà là depuis longtemps ; la question d'en faire un livre ne s'était pas vraiment posée avant qu'un de mes proches ne réussisse à me convaincre. Peut-être que l'aventure humaine autour de cette publication me donnera envie de partager plus.



Altercultures débute avec un poème qui se fait geste de gratitude à l'égard d'une confrérie d'auteurs-poètes dont le verbe vous a nourri. On y croise Césaire et Senghor, bien sûr. Mais aussi Aragon, Baudelaire, Bashö, Damas, Neruda, Ranaivo, Rimbaud, Tchicaya, Whitman… Vous concluez : "Je suis né de la cuisse d'un père nègre/Qui m'habilla d'un bonnet phrygien !". Qu'avez-vous souhaité mettre en exergue avec ce texte introductif ?


La diversité des influences. Je ne connais pas un seul auteur qui ne soit pas redevable à d'autres. Il est donc normal d'évoquer cette filiation tout en mettant en exergue la libération qui doit en découler. Enfant, je me suis nourri de cette poésie nègre. Mais en un sens, elle m'a aussi libéré de l'hermétisme en me permettant de voyager, de découvrir des mondes dont la saisie n'était possible que par l'imagination. À travers la poésie, je me sens proche de tant d'autres civilisations.


Dans le premier chapitre ("Écorces intimes"), on découvre l'enfant de Casamance que vous étiez, observateur attentif, exposé au "bruit des armes", celles d'un conflit opposant forces rebelles indépendantistes et forces gouvernementales. On découvre certaines empreintes de ce passé sur l'adulte que vous êtes : "Des plaines vertes où je vins au monde / Je porte en moi l'humeur paisible et tourmentée. [...] C'est là que je me suis éveillé à la connaissance des choses / Et que j'ai acquis à jamais une tranquille et douloureuse lucidité". Dans quelle mesure diriez-vous que cette "humeur tourmentée" et cette "douloureuse lucidité" sont des éléments caractéristiques de votre sensibilité de poète, révélés par le tragique conflit dont vous avez été témoin ?


Le conflit casamançais m'a aidé dans ma lecture des grands massacres contemporains et à mettre en perspective très tôt l'idée que la haine de l'autre est l'illustration la plus concrète de notre tendance à l'autodestruction. J'ai très tôt eu conscience de la vanité de la haine et en même temps de son pouvoir corrosif à terme. C'est malheureux à dire, mais j'ai le sentiment que l'urgence d'aimer ne prend tout son sens qu'à travers l'expérience de la haine dans sa nudité. On est condamné à la volonté d'aimer lorsqu'on a vécu dans sa chair la folie destructrice des autres. René Char disait que la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. C'est peut-être cette forme de lucidité que je porte en moi. C'est pour cela d'ailleurs que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt le formidable travail de mémoire que les auteurs africains ont fait sur le Rwanda. Ils ont su révéler, comme d'autres avant eux, la banalité du mal et de ce dont l'être humain est capable. L'amour dans ces conditions, sachant ce que l'on sait, est quelque chose de beau et de fort.


Vous célébrez la terre mère, confiant un lien passionnel à votre ville de naissance (3) : "Je désire t'aimer comme on aime un corps." Vous racontez la marque indélébile qu'elle a laissée en vous : "Je t'aime comme on porte une balafre." Vous émaillez aussi vos poèmes d'acerbes critiques et dressez le portrait d'une "Afrique amère". Vous fustigez le gouvernement retiré "dans son palais de lumière", l'omniprésence d'un rêve d'Occident et son pendant, le désir mimétique. C'est : "Dakar comme Paris ! / On peut s'y croire un instant / Avec ces Hummers (4) hideux venus d'outre-mer. / Combien de limousines par habitant ?". Et puis ce jeune qui tente de rejoindre l'Espagne au moyen d'une embarcation précaire, projet que vous faites résonner comme un mirage. Quel regard portez-vous sur ce rêve d'Occident, dont une forme extrême est incarnée par ces jeunes qui tentent la traversée au risque de leur vie ?


Cette question, il faudrait la poser à ceux qui ont établi les frontières car il me semble que parcourir le monde est une activité aussi vieille que le monde lui-même. Les États-nations, le passeport, sont des inventions très récentes qui ont la volonté paradoxale de confiner l'humain alors que les frontières naturelles n'y sont pas arrivées en plusieurs millions d'années. Il y aura toujours des pirogues sur l'Atlantique.

Quant à la situation de l'Afrique, en tant qu'Africain, forcément, elle m'interpelle. J'aimerais que les Africains recouvrent leur dignité. Et quand je dis les Africains, je pense aux Noirs d'Afrique. Il n'y a pas un seul peuple au monde, qui ne se croie pas, consciemment ou non, supérieur aux Noirs. Pourquoi ? Pour moi, cela est en grande partie lié à la perception que nous avons de nous-mêmes. C'est à nous de modifier le regard des autres sur nous. Le respect et l'amour des Africains pour eux-mêmes changeront assurément la nature de leurs rapports avec les autres.

Les textes que vous citez essayent de dire la hardiesse de l'affirmation d'une présence africaine au monde. Mais je ne cultive pas la désespérance dans ma poésie. Il y a beaucoup de raison de croire en l'Afrique. Et un poème comme Harangue réversible ou Poème pour la terre qui vient, c'est exactement un hymne à l'espérance. Mais sur le chemin de l'espérance, il y a beaucoup de douleur et de la vérité.


Vous adressez aussi des critiques acerbes à une France "Qui de toutes ses dents/Embrasse le fantasme de pureté" ; à une France que vous qualifiez de "pitoyable" ; au "petit homme et sa leçon" (discours de Sarkozy au Sénégal, 2007) ; aux "nids à tourisme / Remplis de gens qui n'ont rien vu, rien vécu, rien compris.". Et quand il est question de tourisme sexuel, vous déployez vos griffes : "Je deviendrais volontiers cannibale"…


Il y a des poèmes que l'on peut juger très durs envers la France, mais il en est de même pour le Sénégal. Il y a a contrario beaucoup de poèmes d'amour qui s'adressent à ces deux ensembles. Ce qui pose problème, ce n'est pas la France, c'est une certaine idée de la France contemporaine dans laquelle je ne me reconnais pas et qui prend de plus en plus de place dans l'imaginaire collectif des Français. Je suis partagé entre le Sénégal et la France, c'est un accident de l'histoire et c'est comme ça. Ce sont deux sociétés dont les réalités sociales me concernent peut-être plus directement que d'autres. Mais d'un point de vue général, partout où l'humain est attaqué dans sa dignité, il y aura un poème, une voix, pour le défendre. C'est à cela que s'emploie le premier chapitre du recueil, où sont regroupés tous les poèmes qui crient la misère du monde. Il ne s'agit donc pas d'un traitement de faveur réservé à la France. Mais quand je vois la façon dont la France évolue, je ne peux pas dire qu'exprimer de la pitié et de la compassion pour elle soit négatif. Je vois ces poèmes comme des petites mises au point - rappelez-vous le vers "je vous aime et je vous emmerde".


Dans le recueil, vous réclamez des attaches avec le Sénégal, les banlieues parisiennes, la Bretagne, New York, Harlem, et, quand il le faut, la Russie - vous dédiez un poème (J'irai mourir à Moscou) à Samba Lampsar Sall, étudiant sénégalais qui y fut assassiné en 2006. L'histoire malheureusement se répète… Pourriez-vous dire quelques mots sur l'expédition meurtrière raciste perpétrée il y a quelques jours en Italie (5) ?


C'est une tragédie de plus dans une Europe frappée d'amnésie. Ce qui se passe aujourd'hui - et que de plus en plus d'Européens cautionnent et banalisent parce qu'il y a soi-disant trop d'immigrés - est indigne d'un peuple qui s'est construit à travers les voyages, les explorations, la colonisation d'espaces lointains. Certes, l'Italie n'a pas une longue expérience de l'immigration africaine, mais elle sait ce qu'est l'émigration, la nécessité de partir pour avoir une vie meilleure. Les Italiens qui essayent de justifier cette barbarie devraient se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, l'Italie a envoyé des millions d'enfants en Amérique latine et aux États-Unis.

Sans faire une lecture idéologique, je pense qu'il y a à la fois une grande lâcheté et beaucoup d'arrogance dans ce geste. Non pas chez le tireur, qui finalement est plutôt à plaindre, mais chez les rhétoriciens du racisme vendant l'idée que l'on peut résoudre des problèmes en assassinant des gens différents. Non seulement il y aura encore des immigrés en Italie, mais j'ose croire qu'il y aura toujours des Italiens pour les accueillir à bras ouverts. C'est notre destin. Nous ne sommes pas obligés de nous aimer, mais nous sommes condamnés à vivre ensemble et à partager chaque morceau de cette planète. Ceux qui ne l'acceptent pas peuvent se préparer à détruire l'humanité entière.


Vous écrivez : "Mes propres racines sont dans le vent / J'aime le destin qui est le mien / De forcer les verrous de confidentialités. / Je serpente les terres humides / De l'Oural au Mojave / Pour puiser plus loin que dans les racines externes / La vérité du cœur humain." S'agit-il là de s'inscrire dans des "humanités circulaires", titre d'un chapitre ?


Mon travail est avant tout un refus du confinement. Il y a dans l'immobilisme identitaire un manque de perspective et de liberté qui me fait peur. Au crépuscule de ma vie, je garderai toujours la même proximité, la même infinie tendresse pour l'Afrique et les Africains, les miens ; mais j'aimerais avoir le sentiment, à ce moment-là, d'avoir bouclé le cercle de mon identité en y intégrant le plus de différences possibles. D'où l'image cyclique d'une humanité qui se réalise en élargissant progressivement le cercle. Pour vous donner une métaphore, lancez une pierre dans une mare et observez le phénomène. Vous voyez la matière première qui coule irrémédiablement. Le seul témoin de son passage, ce sont les cercles concentriques qui se dessinent à la surface. Qu'est-ce qui restera du passage de l'humanité sur cette terre ? Cela m'étonnerait que la problématique raciale soit ce que nous laisserons comme traces.


Pourquoi le titre Altercultures, néologisme de votre invention ?


J'ai conçu cette "prénotion" d'altercultures pour signifier que chacun est un corps d'étrangeté dans son rapport à la collectivité. Il y a dans ce mot une volonté de mettre à distance les systèmes identitaires localisés, de ne pas totalement s'y immerger. Plutôt que de revendiquer une subjectivité collective fermée, j'essaye de révéler ce que chaque être humain porte en lui comme stigmates d'une altérité que le groupe social auquel il s'identifie aurait tendance à rejeter. Et ces "altercultures" qui se forment à la marge des systèmes fermés sont des énergies qui libèrent notre humanité.


Dans La plume céleste, vous rendez hommage à Sennen A. [Andriamirado (6)]. De lui, vous dites notamment : "Sennen envoie jusqu'à nous / Ses doigts griffer le marbre de nos consciences corrompues. / Des mots d'amour et de colère, pour dire combien il est triste de voir l'écriture descendre le chemin de l'affliction et l'acte d'informer se métamorphoser en marchandise négociable." Qu'incarne pour vous cet homme qui fut grand reporter et un acteur majeur de l'hebdomadaire Jeune Afrique ?

J'ai eu des héros de jeunesse et Sennen Andriamirado en faisait partie. Dans mon esprit d'enfant, puis d'adolescent, je confondais journalisme et histoire. Et Sennen représentait à ce titre l'idéal de la parole vraie, l'absence de compromission dans la relation à l'histoire. Je trouvais dans ce Malgache d'une beauté presque lunaire, un mélange de fragilité, de puissance, de vérité têtue. Il a écrit un livre important sur Thomas Sankara à une époque où la jeunesse africaine cherchait désespérément un héros positif. À mes yeux, cela l'a élevé lui-même au rang de héros. Mais en réalité, il y a des centaines de Sennen partout dans le monde. On les appelle des héros ordinaires.


Pour la préface, vous avez sollicité Souleymane Bachir Diagne. Un poème lui est dédié (Le songe du savant). Est-ce à dire que vous ressentez une affinité prononcée avec la discipline que ce grand penseur pratique et habite, la philosophie ? Peut-être avec non seulement une discipline mais un être humain…


J'ai beaucoup d'affection pour Souleymane Bachir Diagne. C'est quelqu'un qui, même s'il n'était pas ce grand penseur que tout le monde admire, correspondait à l'idée que je me faisais du lecteur hybride auquel le recueil fait référence. Cela va au-delà de la personne du philosophe, du moins dans son acception contemporaine. Le poème dont vous parlez évoque à mon sens l'aspect polyphonique de la quête que je crois être la sienne et qui est la mienne aussi. Les intellectuels inclassables m'intéressent davantage que les spécialistes ; et le philosophe, en tout cas celui qui m'inspire, est la figure de l'inclassable par excellence. Foucault disait que la profession de philosophe n'existait pas, il a peut-être raison. L'humain qui cherche à connaître sachant qu'il ne finira jamais de chercher, celui-là m'intéresse.


Y a-t-il, selon vous, des liens privilégiés entre poésie et philosophie ?


Toutes deux ont rapport au monde, à l'existence, à l'être, à la connaissance. De grands textes fondateurs de l'humanité (sacrés ou profanes) apparus sous une forme poétique revêtent une dimension à la fois spéculative et métaphysique, qui fait que même s'ils ne sont pas des textes philosophiques, ils deviennent un objet de la philosophie. Je relisais l'épopée de Gilgamesh il y a peu et j'ai été frappé par son actualité sur des questions aussi fondamentales que la mort, l'altérité, la conscience de soi, le désir de perfection… Donc d'un point de vue général, la littérature - mais la poésie encore plus - a un lien avec le questionnement philosophique. Je ne sais pas si le lien est privilégié, mais il existe. Dans la pratique, la ligne de démarcation est si ténue que parfois les deux activités se rejoignent. En fait les exemples d'"interperméabilité" sont nombreux. Ceci est dû, je dirais, à la propension à s'étonner des choses que l'on trouve à la fois chez les poètes et chez les philosophes. Cela dit, la poésie est une chose et l'activité philosophique en est une autre. Ce sont des pôles d'émergence de sens qui se rejoignent souvent mais qui ne se confondent pas.




1. As Malick Ndiaye est docteur en littérature. Il enseigne à Columbia University (New York).
2. L'ouvrage Altercultures inaugure une nouvelle collection des Éditions Phoenix, "Mots et mémoire", dirigée par Sylvie Kandé.
3. Sinta Bu Chora.
4. Énorme véhicule 4x4.
5. Le 13 décembre 2011, deux vendeurs ambulants sénégalais ont été tués par un militant d'extrême droite sur un marché de Florence ; trois autres ont été blessés, dont l'un d'entre eux "restera paralysé à vie" aux dires d'un porte-parole de la police.
6. Père de Virginie Andriamirado, responsable de la rubrique Arts plastiques d'Africultures.

Manhattan, décembre 2011

As Malick Ndiaye, Altercultures, Éditions Phœnix, collection "Mots et Mémoire" (dirigée par Sylvie Kandé), préface de Souleymane Bachir Diagne, 2011, 142 p.

 

Qui êtes-vous Asmalick NDIAYE ? Avec Abdourahman Waberi

 

C’est un garçon jovial et costaud – de ceux qu’on aime avoir pour amis dans la vie. On se dit qu’il aurait pu avoir toutes ses chances dans une arène pour lutteurs sénégalais. La poésie l’a rattrapé, et tant pis pour la lutte.  Il est nomade à l’instar de la jeunesse africaine. Tour à tour casamançais, dakarois, breton ou parisien, c’est à New York qu’il se sent le mieux. C’est un fils de Little Senegal, Harlem. Quand il n’enseigne pas à l’université Columbia, il y fourbit ses armes miraculeuses dans le sillage du philosophe Souleymane Bachir Diagne.

Qui êtes-vous Asmalick NDIAYE ?
Ça commence bien dites-donc !  Pour l’état-civil, je suis un petit gars né au Sénégal en 1974 qui y a grandi avant de partir en France. Aujourd’hui, je vis à New York où j’enseigne à l’université de Columbia tout essayant d’écrire. Mais derrière ces évidences que de nœuds identitaires à démêler !

Qu’écrivez-vous ?

L’écriture est un tâtonnement perpétuel donc je ne saurais dire ce que j’écris. Je viens de publier un recueil de poésie, « Altercultures » ; mais j’ai déjà touché à la nouvelle et je travaille sur mon premier roman, sans parler de mon travail critique, alors vous voyez…

Vous arrive-t-il aussi d’écrire dans une langue autre que française, si oui laquelle ?

Pour l’instant j’écris en français mais je ne suis qu’au début de mon cheminement (ou de mon piétinement comme dirait Michel Foucault). Mais je commence à maîtriser l’écriture du wolof, et je ne désespère pas d’écrire un jour une fiction dans cette langue. Déjà, dans ce que je fais aujourd’hui, on retrouve une propension à voyager entre les langues.

De quelles influences vous réclamez-vous ? Européennes, Africaines, Wolof ou autres ?

Je me réclame de l’  « alterculture ». C’est une prénotion que j’essaye humblement d’expérimenter comme illustration de nos identités en perpétuelle mutation. Je n’ai pas envie de choisir entre mon identité wolof, par ailleurs bien bancale, et d’autres. Donc, à défaut de trouver un champ d’influence objectif, je me ménage du confortable dans l’ « alterculture ».

Vous êtes new-yorkais. Est-ce qu’il y a une ville, un coin, une oasis sénégalais/e à NY ? On dit que le Nord de Harlem se sénégalaise, vite une description/explication?

J’adore cette ville. Je m’y sens très à l’aise parce que je n’ai pas besoin de trop m’employer pour franchir les frontières : la France, l’Afrique, sont à portée de main.  C’est assez fascinant d’ailleurs de voir que d’où qu’on vienne, on s’y trouve chez soi avec une facilité déconcertante. Saviez-vous que l’endroit que vous évoquez s’appelle aujourd’hui Little Senegal ? C’est dingue, on se croirait à Dakar ! C’est cela l’esprit new yorkais. Des îlots culturels à foison mais un pont naturel entre toutes ces communautés. Être new yorkais, je pense, c’est savoir naviguer entre les identités. Tout est compromis avec le monde dans cette ville. J’aime humer les essences exotiques dans les restaurants, les cafés, les boutiques, les centres communautaires. Vous ne serez pas étonné de savoir que voir mes endroits favoris à New York sont des lieux de rencontre : la pâtisserie Les Ambassades, où j’ai mes habitudes et le Shrine, un café-concert tenu par un couple israélo-burkinabè, à deux pas de chez moi. On y trouve cette prodigieuse énergie d’une ville qui se nourrit de mutualisme. Je pardonnerai tout au destin pour m’avoir permis de connaître cette ville extraordinaire qui est aujourd’hui le socle de mon inspiration.
Vous faites des allers et des retours entre l’Afrique, la France (Bretagne notamment) et les EU. Quel regard si possible neuf avez-vous sur notre continent ?

Le continent est en train de changer à une vitesse proprement hallucinante.  C’est bien, mais je me demande si nous avons les outils pour faire face aux effets de la modernité africaine. Le plus grand désastre de la colonisation, c’est peut-être pour l’Afrique, moins de rapport à la profondeur des choses, moins de place pour penser le monde, plus de rationalité instrumentale. La course au développement est en décalage total avec des phénomènes aussi simples et décisives que la relation à soi et aux autres. Quand on y ajoute le manque d’épaisseur de nos institutions, il n’est pas étonnant qu’on soit dans la panade.  Le fossé est de plus en plus grand entre les plus riches et les plus pauvres, les personnes éduquées et les autres, les progressistes et les radicaux. C’est assez effrayant, non ? Mais les valeurs séculaires de tolérance, de solidarité, de simplicité, existent encore… Moi, je suis né sur les bords du fleuve Casamance. Là-bas, il y a encore des valeurs terriennes. Malgré le conflit terrible qui déchire cette région, j’éprouve toujours la même sérénité quand j’y vais, à marcher pieds nus sous la pluie, à aller à la pêche, à faire la tournée des voisins…C’est peut-être ça la profondeur dont je parle. L’Autre a encore un sens là où je suis né. Je ne suis pas sûr de pouvoir dire la même chose en ce qui concerne les grandes villes africaines.

Quelle est la place de l’Afrique de la doulce France ?

L’Afrique n’a plus sa place en France. C’est devenu tellement difficile de faire entendre notre histoire commune sans ressentir le souffle des censeurs dans sa nuque. Une clique de fabricants d’idéologie se complait à alimenter la condescendance et le complexe colonial vis-à-vis de l’Afrique et des Africains. Je n’ai même pas envie de m’étendre sur le sujet, en réalité. Les cimetières d’anciens combattants valent tous les discours. Tout ce que je sais, c’est que ma France à moi est différente.
Vous déployez une impressionnante énergie dans divers secteurs (académique, associatif, littéraire). Quels liens entre ces activités et l’écriture pour soi?

Oui, c’est vrai. Et vous pensez sûrement au festival du livre francophone que nous essayons de monter sur New York et qui demande beaucoup, beaucoup d’énergie. D’ailleurs nous avons besoin de monde pour réaliser ce projet qui est important pour les cultures minoritaires. Pour vous répondre directement, j’aime découvrir de nouveaux challenges, rencontrer de nouvelles personnes, vivre des expériences, vous voyez ? J’ai tendance à penser que ce qui me fait autant courir c’est cet amour insensé des humains.
Que lisez-vous ces derniers temps?

Vous me croyez si je vous dis, votre livre, Le passage des Larmes ?  Je suis aussi en train de terminer une note de lecture sur La quête infinie de l’autre rive de Sylvie Kandé, une épopée moderne d’une grande puissance. Sinon, pêle-mêle, des textes de philosophie et de critique littéraire. Et puis, j’ai toujours un livre d’André Brink ouvert chez moi. C’est mon parapluie.
Qu’est-ce que vous pouvez nous dire au sujet de Souleymane Bachir Diagne?

Bachir, c’est l’une des lames intellectuelles les plus tranchantes que j’ai pu voir à l’œuvre. Mais aussi l’une des personnes les plus agréables et les plus humbles que je connaisse. Et dieu sait si les intellectuels sont imbus de leurs petites personnes. Je suis d’ailleurs étonné que sa pensée soit si peu vulgarisée. Peut-être parce qu’elle est encore en action…
Tout autre question qui vous vient à l’esprit

Plutôt une prière. Que chaque être humain puisse éprouver ne serait-ce qu’une fois par jour, le désir d’embrasser l’humanité entière. On économiserait pas mal sur les achats d’armes vous ne croyez pas ?

 

 

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