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LE BLOG D'AS MALICK NDIAYE

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OBAMA-Berlusconi: analyse d'un discours raciste

Cet homme est suspect...
Cet homme est suspect... 

On le sait, le Président du Conseil italien est adepte des bons mots. Mais je pense que ses déclarations à l'emporte-pièce ne font rire que ceux parmi ses compatriotes partagent les mêmes limites intellectuelles. Autant je respecte le dirigeant sportif et l'homme d'entreprise, autant l'homme politique suscite mon indignation. On peut trouver exagéré que l'opposition italienne ait vivement réagi à ses propos sur Barack Obama. On peut aussi sourire devant la propension des gens à hurler au racisme dès l'instant qu'on parle d'un Noir. Là en l'occurrence je l'avais pensé avant d'examiner le discours lui-même. On peut d'ailleurs remarquer le décalage entre la question posée qui portait sur la nature des relations diplomatiques avec la future administration Obama et la réponse de cours d'école complétement à côté du sujet.

Mais ce sont les explications de Silvio Berlusconi à Bruxelles qui démontrent clairement que ses propos relèvent d’un discours raciste. À moins d’être atteint par la même imbécillité dont il  qualifie ses accusateurs, Berlusconi a montré à travers ses mots que sa déclaration sur Obama n’était absolument pas un compliment. Voici ce qu’il dit.

D’abord que sa déclaration sur Obama est une « plaisanterie affectueuse » (carineria). Soit. Mais qu’appelle-t-on une plaisanterie?Voyons ce que nous dit le dictionnaire...

1-« Discours badin, où l'on se joue, avec ironie ou humour, des sujets abordés et que l'on tient généralement avec l'intention d'amuser, de distraire. »

2- « Paroles, plus ou moins spirituelles, plus ou moins drôles, jouant souvent d'équivoques sexuelles, que l'on dit par jeu et/ou pour amuser. »

3- « Acte que l'on fait par jeu, tour que l'on joue à quelqu'un pour (s') amuser. »

 

 4- « Action de se moquer de quelqu'un. »

 5- « Plaisanterie faite par jeu sans intention blessante, ou présentée comme telle. »

Alors la question logique est celle de savoir en quoi on peut faire une plaisanterie sur le fait d’être bronzé, à moins de considérer cela comme un défaut. Et c’est Berlusconi lui-même qui donne la mesure de la stupidité de ses explications.

 

 En effet, il ajoute : « j’aurais pu dire que Poutine est petit, Medvedev aussi et moi-même d’ailleurs, et c’est vrai ». Cela revient à dire qu’être « bronzé » c’est comme avoir les oreilles décollées, un œil qui bique ou Dieu sait quel autre défaut physique. Selon cette logique complétement absurde en effet, être noir est simplement un défaut avec lequel il faut accepter de vivre. C’est la tranquille certitude du racisme ordinaire qui juge la différence raciale comme forcément dépréciative. Eh bien Monsieur le Président, être Noir ne saurait être ramené au rang de petite tare sur laquelle on pourrait plaisanter, et c’est pour cela que votre discours est raciste.

Obama en vous appelant a fait preuve d’une maturité que vous n’avait pas car oubliez une règle fondamentale en diplomatie : la mesure. La diplomatie ne connaît pas les blagues de comptoir, surtout en présence de journalistes. La diplomatie, c’est le respect des nations et de leurs dirigeants. Vous pouvez vous défendre d’être raciste, mais personne ne vous croit. Pour mémoire, je vous rappelle que Mussolini a qualifié à ses débuts les attaques antisémites en Italie de « stupidaggini ». On sait ce qu’il en advint…

 

 

 

 

 

BARACK OBAMA CASSE LA BARAQUE

 

Jeu de mots un peu facile non? Oui, je le concède.  D'ailleurs, j'en avais une autre plus idiote que je vous offre en passant. Savez-vous ce que Barack a fait quand on lui donné le montant du loyer que payaient les Clinton à la maison blanche? Il a ri...Oui...Je vous avais prévenus.  Mais Dieu! que c'est bon! Cette élection nous donne une envie de légéreté. En tout cas, je suis content pour le symbole et si ça peut emmerder quelques racistes...Comme beaucoup j'avais le net pressentiment ces elections ne pouvaient pas échapper à Obama. Dès l'instant où il avait écarté Hillary Clinton, il était devenu évident qu'il se fiançait avec l'Amérique. Seul un scandale comme seule l'Amérique sait en produire, pouvait le faire tomber. Ce scandale n'est pas arrivé, malgré quelques tentatives pathétiques.

Barack sera donc à la maison blanche. Je ne partage pas l'avis de ceux qui disent "Qui aurait pu imaginer?". Ne pas imaginer un Noir à la présidence des Etats-Unis, c'est sous-estimer le peuple américain d'une part et, de l'autre, oublier que dans le monde aujourd'hui aucun pays, absolument aucun, n’est une forteresse identitaire. Voir demain un Métis togolais sur le trône de Monaco n’est pas si incongru que cela. (même si actuellement le petit Alexandre ne peut prétendre). Tout cela me fait penser évidemment à un autre pays que j’aime, la France. Elle s’est enthousiasmée comme jamais pour Obama et on se dit qu’à la première occasion elle offrira l’Elysée au prochain bronzé qui se présentera. Pourtant je n’y crois pas une seconde. L’effet Bradley que l’on a évoqué pendant la campagne est à mon sens plus susceptible d’arriver à en France. Un pays où tout le monde dit ne pas être raciste et où presque chacun se comporte comme tel. C’est le pays où l’on propose magnanimement aux candidats à la naturalisation de « franciser » leur nom. C’est le pays où la moitié des emplois sont réservés aux nationaux (aucune profession dans la fonction publique n’est ouverte aux étrangers). C’est le pays où l’on ne peut pas travailler comme serveur dans un restaurant, être au guichet d’une banque, si l’on est Noir. C’est le pays où le sans-papier peut-être dénoncé par une assistante sociale et expulsé parce qu’il veut inscrire son enfant à l’école. C’est le pays où voir deux ministres noirs dans le gouvernement est aussi probable que de voir un japonais qui danse le Mbalax (ça peut arriver mais c’est rare).  C’est le pays où on ne peut pas parler sa langue à un autre niveau que familial sans être accusé de communautarisme. C’est le pays du centralisme féroce, du jocobinisme aveugle. C’est aussi le pays où les jeunes se permettent de siffler l’hymne national à la télévision, où justement il semble impossible d’être fier du drapeau…Mais à part ça c’est un pays génial où tout est possible…Can they ?

 

 

 

 

 

 

 

 

SOUTH AFRICA: SHAME ON YOU !!

Il paraît que cet homme n'a pas de nom... Mais il avait une famille... Un père, une mère, peut-être des frères, des soeurs... Sont-ils au courant? Je meurs de l'Afrique...

Il paraît que cet homme n'a pas de nom...
Il paraît que cet homme n'a pas de nom... 

« J’ai mal à l’Algérie », disait Camus. Moi je meurs de l’Afrique. Les violences en Afrique du sud ces dernières semaines sont là, nues, cruelles à la vérité. Comme vous tous, j’ai vu les images. J'ai longtemps hésité à  les poster sur ce blog. Je n’avais pas le droit de verser dans le sensationnalisme et le voyeurisme malsain, au mépris du respect de la personne. Sur ce qu’on a pu voir, le traitement de l’information fait l’objet d’une mesure particulière parce que c’est l’Afrique. Quand le cadavre d’un soldat américain est traîné, puis brûlé dans les rues de Bagdad, les images sont « floutées » parce qu’autrement, cela aurait été une atteinte à sa mémoire. De même, quand les fondamentalistes assassinent sauvagement Nick Berg, aucun média ne montre les images. Ce que je comprends car, en vérité, elles sont insoutenables. Là c’est des Africains qui humilient d’autres Africains, on s’est délecte presque. N’y a-t-il rien d’humiliant de montrer un homme tabassé à mort qui tente pathétiquement d’échapper à une horde goguenarde ? Non, mes amis, c’est de l’info.

Pourtant, j’ai décidé de saisir quelques-uns de ces instantanés d’horreurs pour illustrer mon article. Celles de cette personne que les rédactions du monde entier ont montrée brûlant sous les yeux de la police.  J’ai mis ces images pour rendre hommage à cette personne. Parce que c’est l’une des nombreuses victimes sans voix d’une barbarie ignoble. Cet homme, personne ne connaît son nom. Vous vous rendez-compte ? Il repose à la morgue  Germiston de Johannesburg’s. On va l’enterrer dans quelques jours si personne ne vient réclamer le corps. Qui le fera ? On ne sait même pas qui il est.  Pourtant il symbolise aujourd’hui la folie meurtrière des Sud-Africains. C’est grâce à lui que je vois que les images sont parfois nécessaires. J’ai passé une bonne partie de la nuit à chercher des informations improbables sur lui. A des milliers de kilomètres de là, dans mon appartement new-yorkais. J’ai découvert dans les journaux sud-africains que l’homme s’appelait peut-être Mugza, qu’il viendrait du Mozambique voisin et qu’il était travailleur journalier à Ramaphosa. On dit aussi qu’il est mort en même temps que ses maigres biens : un matelas qu’une âme charitable lui avait prêté et sur lequel il dormait avec son compagnon d’aventure (son frère ?), un duvet qui lui servait de couverture, un livre illustré intitulé  Karoo Blossoms. On apprend aussi que cet homme, Mugza, était arrivé à son rendez-vous avec la mort avec environ un mois d’avance. En attendant, il allait tous les jours chercher un petit boulot occasionnel et revenait le soir, la salopette tâchée de peinture et quelque fois avec des bidons vides, signes qu’il avait travaillé. Ça marchait plutôt bien. C’est peut-être pour cela que quand les troubles ont commencé et que les voisins lui ont demandé de partir, lui comme son compagnon, ils ont refusé. Inconscience ? Peut-être pas. Peut-être simplement qu’ils se sont dits qu’ils ne trouveraient pas une meilleure protection ailleurs qu’autour de ces voisins bienveillants qui les avaient acceptés. Et puis, ils avaient rendez-vous. Le lendemain, dimanche 18 mai, lorsque des émeutiers imbibés d’alcool ont fait irruption à Ramaphosa, ils ont compris la menace. Trop tard. Battu à mort, ainsi que l’autre homme, Mugza a été mis à genoux sur la place publique et on lui a mis le feu. Pour s’assurer de bien le « griller », ses tortionnaires ont jeté ses affaires sur lui. Cette pratique était très courante pendant l’apartheid. On appelle cela Necklace. C’était la méthode pour exécuter les « Impipis », les informateurs à la solde de la police raciste de Pretoria. On prenait un pneu qu’on mettait autour du cou du « traître » qu’on aspergeait d’inflammable et on y mettait le feu. La victime mourait dans des souffrances horribles parce qu’à chaque fois qu’elle tentait de prendre son souffle, l’air brûlant lui écorchait les artères. C’est cela « necklace »… Mugza était-il un traître ? Non il a fait pire. Il a piqué le boulot des Sud-Africains. Travailleurs immigrés en Occident si vous me lisez… Lui et ses semblables ont tellement bien piqué le boulot qu’au lendemain des émeutes, toutes les mines du pays ont fonctionné au ralenti. Frans Baleni le porte-parole de la National Union of the Mineworker estime qu’entre 35 et 40% du personnel des mines sud-africaines sont étrangers. La Primrose Gold Mine, l’une des plus importantes de la région de Johannesburg qui emploie entre 85 et 90% de Mozambicains a fermé momentanément. Dans un marché de l’emploi ouvert au libéralisme économique, où règne la loi de l’offre et de la demande, pourquoi les entreprises sud-africaines préfèrent-elles recruter une main-d’œuvre étrangère ? Peut-être a-t-on fait croire aux Noirs d’Afrique du sud qu’avec la fin de l’apartheid, ils allaient toucher le chèque de compensation de leur souffrance séculaire sans se retrousser les manches ? Mugza n’a rien demandé à personne lui. Il était juste venu chercher du travail où il pouvait en trouver. Et beaucoup d’observateurs l’ont souligné, la Difagane (diaspora) qui avait fui le régime d’apartheid avait trouvé refuge dans des pays comme le Mozambique ou le Zimbabwe de Mugabé. D’après, les témoignages de ses voisins, Mugza était Shagaan. Donc pas si étranger que cela. En effet, Shagaan est le nom qu’on donne à de nombreuses populations Tsonga, que l’on trouve dans la vallée de la rivière Limpopo, à la frontière du Mozambique. Le nom Shagaan vient de Soshangane, le chef zoulou, défait et exilé par Chaka au XIXème, qui a soumis les nombreux clans Tsonga de l’autre côté du Limpopo, c'est-à-dire au sud de l’actuelle Mozambique. D’ailleurs, beaucoup de Tsonga refusent d’être identifiés comme des Shagaan. Donc, il n’était pas si étranger que cela. Comme ne le sont pas les commerçants d’origine indienne ou métisse (bien sud-africains ceux-là) dont les magasins ont été mis à sac la semaine dernière.

 

 

 

LES VIEUX DEMONS

 

 

 

 

 

Nous avons un putain de problème sur ce continent.  Nous avons beau dire que nous n’avons pas le monopole de la violence, que nous ne sommes pas différents des autres peuples, nous n’arrêtons pas de donner du grain à moudre aux pourfendeurs de notre chère Afrique.

Lorsqu'au lendemain de l'apartheid l'Afrique du sud avait convoqué la commission Vérité et Réconciliation, j'avais moi aussi applaudi la maturité d'une nation qui avait évité de tomber dans le lynchage légal et les règlements de comptes. Cette thérapie collective avait permis de confronter les bourreaux à leur crime et de donner aux victimes l'occasion de s'élever vers la noblesse d’une humanité qui pardonne sans oublier. Depuis, l'Afrique du sud est citée en modèle avec sa Constitution ultra-progressiste, son multilinguisme officiel, sa relative stabilité politique et sa relative bonne santé économique. Et puis voilà. Patatras! Ce modèle socio-économique offre au monde aujourd'hui le spectacle d'une chasse à l'homme qui rappelle le Ghetto de Varsovie (j'exagère à peine). En même temps, on peut-on feindre la surprise devant cette abomination. Pourquoi devrait-on être surpris quand on sait que les effets conjugués de la pauvreté et l'ethnocentrisme désignent toujours l'étranger comme la victime expiatoire de nos frustrations? Pourquoi devrait-on être surpris quand on sait que l'Afrique du sud est un pays où les richesses sont réparties avec une inégalité ahurissante? Pourquoi devrait-on être surpris quand on sait que le changement de régime n'a absolument rien changé, ni à la configuration des Townships, ni au sort des populations qui y résident? Le gouvernement sud-africain lui-même, par la voix du ministre du Renseignement, Ronnie Kasrils, a reconnu avec beaucoup de sincérité (mauvaise foi ?) qu’il savait : « Bien sûr, nous étions au courant que quelque chose couvait. C'est une chose d'être conscient qu'il y a un problème social et une autre de savoir quand l'éruption va se produire. Ce qui surprend c’est la férocité des attaques ». Les 42 personnes qui perdu la vie apprécieront de là-haut.

 Par ailleurs, « il y a eu environ 5 000 incidents violents dans les townships ces dix dernières années, la plupart du temps pour dénoncer les conditions de vie miséreuses, l'incompétence, voire la corruption des pouvoirs locaux. Les étrangers ont déjà été pris pour cibles, notamment au Cap, où il y a eu environ 500 morts en dix ans dans des attaques xénophobes », explique rappelle Franz Cronjé, directeur adjoint de l'Institut d'étude des relations entre les races (SAIRR). Alors surpris ? Oh non! Aucune raison d'être surpris. Mais choqué et en colère, oui, on peut l'être. Peu importe les raisons circonstancielles, cette violence est à dénoncer. Pourquoi devrait-on accepter qu’un pays aussi riche de son histoire si douloureuse n'arrive pas à enterrer ses vieux démons? La vague d’arrestations (plus 500 interpellations en quelques jours) qui a suivi les émeutes ne change rien à la situation qui reste toujours tendue. D’ailleurs, le déploiement de l’armée et de la police, s’il a permis de bien contrôler la situation donne l’impression que quelque part en Afrique du sud, il n’y a que la force qui fasse entendre raison. Cela fait froid dans le dos, car c’est exactement ce que les  idéologues afrikaners disaient pour légitimer la violence sous l’apartheid. Les chiens, les Caspirs, les Buffels descendant dans la township pour faire régner l’ordre… Quelle régression ! Un habitant de Reiger Park a fait ce commentaire paradoxal : « Je suis content que la police soit là, mais ils m'ont tiré dessus pour rien. J'étais dans ma cour et ils m'ont touché à la jambe ». Il faut rappeler que la refondation des forces de police après l'apartheid a conduit au recrutement en masse dans la police de gens sans réelle vocation (d'anciens bras armés de l'Inkhata ou de l'Anc), voire des bandits de grand chemin pour qui le langage de la violence est le seul valable. Il est temps de faire le ménage.

Force est de constater que le gouvernement Mbeki est impuissant face à la violence qui mine le pays. La société sud-africaine a une longue culture de violence (je posterai peut-être des extraits de mon mémoire de maîtrise sur Un acte de terreur d’Andre Brink). Personne n’a oublié les sempiternelles querelles entre les grands partis de la lutte anti-apartheid, lesquelles ont fait des centaines de morts dans les années 1990. La criminalité est devenue comme une fatalité dans un pays où l'on assassine en moyenne 50 personnes par jour. Il est temps de réagir.

Comme je le disais tantôt, beaucoup de Sud-Africains ont trouvé refuge à l’étranger pendant l’apartheid. Cette longue lutte, conjuguée à l’état d’avancement du pays, a aussi fait naître dans la conscience collective sud-africaine un complexe de supériorité vis-à-vis des autres pays du continent, dont beaucoup de sud-africains s’imaginent qu’ils ne sont que des sauvages. L’enfermement et le lavage de cerveau pendant la colonisation et pendant l’apartheid a fait plus de dégâts qu’il n’y paraît. D’ailleurs, ceux qui s’imaginent que le Nkosi Sikele I’Afrika est un hymne à l’Afrique en général, ne comprennent pas cette subtilité langagière qui veut le mot Afrika se résume simplement à l’Afrique du sud. Il est temps que l’Afrique du sud revienne à l’Afrique.

 

ET MAINTENANT?

 

 

 

Partout où elle est menacée, la dignité humaine doit être défendue. Cela ne veut pas dire que ce qui se passe aujourd'hui en Afrique du sud est davantage blâmable que ce qui se passe depuis des mois en Irak, au Soudan, en Palestine ou qui s'est passé il n'y a pas si longtemps au Libéria, en Somalie, en Côte d'Ivoire, en Bosnie...Mais cela n'en est pas moins révoltant. Et je ne peux m'empêcher de réagir pour plusieurs raisons. D'abord, parce que comme beaucoup d'Africains, l'Afrique du sud est un pays cher à mon cœur. Un pays, celui de Nelson Mandela, qui symbole la lutte tenace de toute l'humanité africaine contre la barbarie et l'arbitraire. Ensuite, parce que c'est dans l'actualité immédiate et il est important que nos amis sud-africains comprennent que ce n'est absolument pas la direction que l'on s'attendait à voir prendre la Rainbow Nation.

Bientôt, les yeux du monde entier seront rivés sur l'Afrique du sud à l'occasion de la coupe du monde de football.  Parce qu’on parle de football, je me souviens d’une image pendant la Coupe d’Afrique de 1996 qui s’était déroulé en Afrique du sud. Le jour de la finale, dans les tribunes un supporter affichait une pancarte sur laquelle étaient écrits ces mots poétiques envers l’équipe tunisienne : « Rip tunisia » (On va déchirer la Tunisie )…J’avais eu une frayeur, à l’époque et je n’ai jamais pu oublier la violence du langage parce qu’il était anachronique et traduisait un inconscient meurtrier qui ne seyait pas dans un stade de football. C’est comme cela que l’avais ressenti à l’époque. Le langage parle. Je me disais à ce moment-là que l’Afrique du sud n’était pas guérie. Il faut croire que 12 ans après, elle ne l’est toujours pas. Et c’est elle qui va organiser la coupe du monde. Rien-à part une indéfectible confiance en la nature humaine- n'incite à l'optimisme. On peut craindre qu'après les récréations asiatiques et allemande, la World Cup 2010 se déroule dans un climat d'état-d'urgence.

Mais je choisis définitivement de faire confiance. Parce qu’en Afrique du sud même, des gens, nombreux, ont  caché et protégé des étrangers ces derniers jours. Parce qu’en Afrique du sud même, des gens ont fait la queue devant les points de collecte de la Croix-Rouge sud-africaine pour donner des vivres. Parce qu’en Afrique du sud même, des anonymes ont permis de récolté en quelques jours presqu’autant d’argent que lors du Tsunami. Parce qu’en Afrique du sud même, parallèlement à cet élan de solidarité, des gens se sont élevés pour dire non. Comme ce jeune homme qui a ouvert un forum sur face book qui ne désemplit pas. Comme ces citoyens qui affirment leur honte (ils ne devraient pas) d’être sud-africains ou leur fierté d’être Africains. Comme ce gouvernement qui, malgré tout, n’a pas complètement failli et a peut-être permis de sauver de précieuses vies humaines. Comme les centaines d'étudiants et de professeurs de l'Université de Wits ont protesté dans les rues de Jo’burg ces derniers temps.

Maintenant, il faut faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Et je m’adresse à l’Afrique toute entière. Protégeons les étrangers. Protégeons les étrangers. Protégeons les étrangers. Partout en Afrique le feu couve. Pour honorer la mémoire de Mugza et de toutes ces victimes. Au Sénégal, en Cote- d’Ivoire, en Algérie, au Cameroun, au Maroc, faisons en sorte que cela ne se reproduise pas. Nous le pouvons. On ne peut pas éternellement faire valoir la terrible excuse de Nuremberg, celle qui consiste à dire : « nous ne savions pas ». Désormais, nous savons.

 

 

 

 

Là, au bord de cette eau doucereuse, je vins au monde

Zig 

J'ai vécu toute mon enfance dans cette ville, les pieds dans l'eau. Ce pont est l'unique voie d'accès à la ville par le nord. Petite ode à mon amour:

Je désire te désire comme on désire un corps.

Un corps beau comme ceux que t'arracha jadis à la mer,

Riant de tes larmes chaudes semées sur leur sillage.

Sinta Bu Chora.

J'aime ta quiétude fragile comme un équilibre,

Ta fausse nonchalance,

La douceur de tes rues vertes,

Tes étendues pleines comme des fruits mûrs.

J'aime les amas de coquillage centenaires

Souhaitant la bienvenue au visiteur du nord, étranger à la beauté.

Ville sénégalaise si loin de Dakar,

J’aime les maisons portugaises,

Les cases en banco aux toits de chaume

J'aime ce port puant, rongé par des usines hideuses.

Ces monstres où le maraba devient huile

Où la crevette devient conserve.

J’aime ces hôtels sans charme

Remplis de gens qui n'ont rien vu

Rien vécu! Rien compris.

J’aime cette flore aux promesses mortes. 

Cette mangrove,

L'odeur salée de ces berges lardées par une eau boueuse.

J'aime cette terre sans laquelle

Le soleil aurait jugé sa course vers l'horizon bien futile.

C'est ma terre.

Quand elle est belle et qu'on pense qu'elle est triste.

Quand elle rit et qu'on pense qu'elle pleure.

Sinta Bu Chora

J'aime ton âme comme on aime une femme.

Rebelle et orgueilleuse, libre et pieuse, tolérante et violente

Impatiente dans l'amour et dans la haine

J’aime tes cris

Lorsque les kalachnikovs déchirent le silence de la nuit

J’aime ta honte

Toi qui cache les mines sous un tapis d'hibiscus rouge

Je pleure avec toi

Avec tes enfants si différents 

Que parfois ils ne se comprennent pas.

Ziguinchor la Baïnounk , la wolof

La créole, la diola

La mandingue, belle femme peule

Terre de filaos interminables 

Se courbant légèrement sur les pas ombragés de ma mère.

Comme je t'aime et t'espère. 

New York, mai 2008

 

 

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